« Chers amis,

C’est avec une certaine émotion que je vous écris.
Pairi Daiza fête en effet, ce 11 mai, son premier quart de siècle.
Je me remémore chaque détail de cet après-midi de novembre 1992, quand mes pas m’ont conduit pour la première fois sous la Haute Porte de l’ancienne abbaye de Cambron et que j’ai découvert un merveilleux domaine endormi comme la Belle au Bois Dormant.
Ce fut à la fois le coup de foudre et un envoûtement dont je suis resté victime jusqu’à ce jour.

J’avais 32 ans à peine et des rêves de jardins plein la tête...
L’espace d’un instant, j’ai abandonné mon métier, mon cadre de vie et mes habitudes pour me lancer dans la création du Jardin des Mondes, sans expérience ni maître à penser.
Les débuts furent plutôt éprouvants.
Le 11 mai 1994, nos premiers visiteurs ont découvert un parc inachevé dans lequel les grues à chenilles et à pneus étaient plus nombreuses que les grues au long cou.
Tous les clignotants étaient au rouge: nous manquions de fonds, de bras, de cerveaux, de soleil...
C’était à tous points de vue la chronique d’une catastrophe annoncée par tous ou presque.

Nous avons perdu courage bien des soirs.
Heureusement, les nuits sont réparatrices, mêmes quand elles sont courtes.
Peu à peu, le chantier s’est transformé en jardin, Paradisio est devenu Pairi Daiza.

Chers amis, ce parc fut d’abord mon enfant, nos talentueux collaborateurs l’ont fait grandir, mais c’est vous qui le faites vivre depuis 25 ans.
Pour beaucoup d’entre vous, la curiosité du départ s’est muée en attachement.
Vous êtes devenus les meilleurs ambassadeurs du Jardin des Mondes et progressivement d’autres passionnés ont pris le chemin du parc et y retournent pour visiter les endroits aimés et découvrir les nouvelles surprises de l’année.

Sans vous, jamais nos premières volières n’auraient été suivies de l’Oasis, de l’aquarium Nautilus, du Mersus Emergo, des jardins de Chine, d’Indonésie, d’Australie, d’Afrique, de la création de notre Fondation et de ses projets pour la préservation de la biodiversité tels que Nassonia, le programme de réintroduction d’oiseaux éteints dans la nature et tant d’autres chantiers.

Pour récompenser votre fidélité, nous vous ferons bientôt découvrir le Canada, le grand Nord et tant d’autres paysages inscrits dans ma mémoire et bientôt transplantés dans votre parc bien-aimé.

Quel bonheur que de pouvoir concevoir et aménager avec amour autant d’écrins pour héberger au mieux ces animaux merveilleux confiés par d’autres jardins zoologiques, recueillis (cirques ou saisies judiciaires,...) ou nés sous la bienveillante vigilance de nos soigneurs passionnés.

A l’heure de la sixième extinction massive des espèces dans la nature, à l’heure où 60% des vertébrés ont disparu de la surface de la Terre ces 40 dernières années, chaque naissance est un précieux cadeau.

Aujourd’hui je croise souvent de jeunes parents qui me racontent les touchants souvenirs de leur enfance à Paradisio-Pairi Daiza.
Si cela ne me rajeunit pas, je me réjouis d’apprendre que le parc fait partie de leur vie et qu’il leur rappelle comme un talisman le souvenir de moments heureux.

Puisse la santé et la chance nous permettre, à mes compagnons d’aventure et moi-même, de vous offrir pour de nombreuses années encore de tendres émotions et de belles découvertes.

Avec toute ma gratitude ».

Eric Domb